Red Spell Spells Red (紅鬼仔) 1983


Je dis oui à mort !
3-50
N’y allons pas par quatre chemins, ce Red spell spells red, aussi rare et miteux soit-il avec son image pourrie jusqu’à l’os, est vraiment envoûtant tant l’ambiance macabre y est excellente et bien plus concluante qu’une tonne d’autres films de sorcellerie HK de ses années fastes en chefs d’oeuvre mais aussi en sous produits nauséeux. Unique film pourtant, d’un réalisateur qui aurait sans doute mérité mieux, il nous conte une histoire de sorcellerie tribale bien classique qui empreinte sans gêne aux films de cannibales italiens, mais se révèle pour ma part bien plus motivante que ceux ci, même comparée aux références et même si sa première moitié reste assez tranquille.

La scène d’ouverture, classique du genre, montre une sorcière masquée dénommée « nain rouge maléfique » qui prépare une incantation obscure dans une grotte, bientôt interrompue par quatre « bons » sorciers eux aussi masqués qui la malmènent, la poignardent, et terminent de l’enfermer à jamais dans un petit cercueil en forme de vasque. Bien des années plus tard, un groupe de reporters composé avant tout d’un archéologue et d’une jolie présentatrice découvre la grotte et ouvre évidemment le cercueil duquel s’échappe une simple nuée rose. Il ne reste plus que le squelette de la sorcière mais une analyse de la vidéo montrera aussi le fantôme du nain rouge maléfique qui s’est fait la malle et va bientôt mettre le boxon dans un petit village indonésien où notre équipe de reporters fait étape.

Première moitié plutôt tranquille donc, où sont présentés le contexte, les protagonistes, le village indigène, les coutumes locales, mais l’ambiance est déjà convaincante et les processions, les jolis temples locaux, les sacrifices de porcs en live, le combat de coqs, la petite fête locale, etc, m’ont semblé bien moins saoulant que nombre de films hk ou italiens, car il se passe toujours plus ou moins quelque chose dans Red Spell en rapport à l’histoire du nain rouge maléfique et de sa cohorte de scorpions. Du reste, Il ne faut pas attendre trop longtemps (du moins il m’a semblé) pour qu’un premier membre de l’équipe soit traîné dans les hautes herbes, comme tiré par les cheveux, par une force mystérieuse et ce sous les yeux de ses compagnons. Et déjà, la mise en scène fait preuve d’idées dingues inédites et simplement excellentes. Le montage est nerveux, les reverses habiles accentuent la possession, et le gars, après s’être fait fracasser le crâne contre la roche est soulevé du sol et balancé aux quatre coins de l’écran avec une saveur toute particulière.

Bien d’autres scènes mémorables parsèment ce petit film d’outre tombe, comme la reporter à son tour possédée, bientôt crucifiée sur une civière qui se met elle-même en croix à la verticale et écarte les jambes de la belle afin de brûler son entre jambe ! Une scène là encore de profondis, mais maîtrisée sans nul doute. On croirait vraiment la civière vivante entraînant la jeune femme dans ses mouvements. Dès lors possédée, il ne faudra mieux pas l’approcher sous peine de se voir attaquer par des scorpions qui semblent suinter de son corps. Comment oublier aussi la scène la plus incroyable du film qui tombe d’un seul coup pour mieux halluciner l’amateur : un villageois soudainement possédé se met à bouffer avec rage un poulet vivant, très méthodiquement, lui arrachant quelques plumes avec ses dents, puis lui extirpant les entrailles et le reste avant de tout avaler goulûment alors que la bête se débat !!! Scène sans aucun trucage qui pose une pierre de plus à la chose.

A côté de tout cela, l’exorcisme final, en studio dans une salle enveloppée de noir, propose aussi un bon trip moyenâgeux avec la jeune femme attachée à une roue qui la plonge dans un bain purificateur et une bande de moines qui viennent en renfort au sorcier du village. Néanmoins, hormis son ambiance réussie de pure sorcellerie, ce final n’e m’a pas semblé plus décapant que les autres scènes balèzes du film plus ou moins évoquées précédemment, savamment imprégnées de gore cheap mais efficace. Du reste, comme d’habitude, le rideau final est plus qu’abrupt.

Notons aussi l’idée de la bande vidéo possédée qui en vient à attaquer le reporter dans la salle de montage, une scène comme un prélude physique à la vhs de Ring. En toute bonne foi, le rigolo Black Magic peut aller se rhabiller, tout comme un énorme paquet de films de sorcellerie HK mous, cheaps, et surtout sans ambiance ni verve, tout comme une bonne partie de films italiens période gore, somnifères voir petits joueurs. Ici malgré des longueurs indéniables et un scénario peu approfondi, on a droit à une vraie atmosphère et de vrais moments très originaux qui transpirent le macabre et les références à Evil Dead comme les arbres qui tuent ou le montage en reverse. Une ambiance sérieuse de bout en bout, une invasion de scorpions, une mise en scène concluante, deux moments érotiques en bonus, une bande son dans le ton, qui utilise notamment le thème de Rambo lors des moments plus aventureux.
Je dis, en voilà un qui mérite son détour !

http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/redspellspellsred/critiques.html

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