Bewitched (蠱) 1981


Leçon de sorcellerie HK 80’s.
3-75

Un jeune journaliste (Ngaai Fei) est condamné à la peine capitale par pendaison pour avoir assassiné sa fille en lui plantant un clou de 20 cm dans le crâne. Reclus dans sa cellule et manifestement malade, il tient à expliquer à l’inspecteur chargé de l’enquête (Melvin Wong) qu’il n’est pas responsable et qu’il a été victime d’un envoûtement lors de son dernier voyage en Thaïlande. En guise de dernière volonté, il implore l’inspecteur de retrouver le responsable de ce puissant maléfice afin qu’il soit puni.

Bewitched est bel et bien le film original de Kuei Chi Hung qu’il remixera 2 ans plus tard pour offrir le fabuleusement fou The Boxer’s Omen. On retrouvera d’ailleurs dans Boxer l’ultime final de Bewitched en guise d’intro, la superbe scène de destruction de sorcier par un moine shaolin tout puissant dans un hall d’aéroport. Même si Bewitched est beaucoup plus lent à démarrer, Il en a au final toutes les caractéristiques et confirme qu’en matière de rituels maléfiques, Kuei Chi Hung était très loin devant, lorgnant avec envie sur sur le cinéma d’horreur italien (Fulci, Bava, …), la touche de magie noire Thaïlandaise de rigueur et de bon aloi et un brin d’exotisme local purement commercial en prime.

A la place d’un moine boxeur surréaliste, Bewitched se veut beaucoup plus terre à terre dans ses démêlés, dans la tradition de Black Magic. Il faut donc parcourir une petite première heure inégale avant que tout n’explose.

Kuei Chi Hung préfère garder une base la plus réaliste possible à son récit, selon les plans bien huilés du cinéma d’horreur Italien, mais en bon expérimentateur qu’il est, après nous avoir fait sourire de ses couples nanars épris d’érotisme un poil censuré ou de sa sorcière joueuse de pipeau qui fait voler les crânes et les paniers à légumes devins (!!!!), il finit non sans détour par brillamment monter en puissance tant au niveau de sa mise en scène radicalement plus précise quand l’horreur approche que de la motivation de l’équipe qui respire la passion du genre.

Évidemment, c’est kitsch, les effets spéciaux rudimentaires au possible, les scènes d’exposition bâclées, mais Kuei Chi Hung a du talent et au milieu de ce gentil petit bordel, surgissent de plus en plus de scènes d’horreur brutes de décoffrage. Un sorcier Thaïlandais particulièrement retors nous expose quantité de méthodes de tortures maléfiques par des moyens bien de chez lui (attention au poulet dépecé vivant pour le plaisir de vomir), des vers trempés dans le liquide nasal putréfié d’un cadavre frais enceinte (!!!), puis flambés afin d’obtenir un liquide qui au contact de la peau développe le système pileux (!!), ou encore… etc, etc.

Suite à son intro rapide, Bewitched passe en mode décontracté, avec des allures de documentaire touristique peu inspiré. Pourtant, ses fondations ne cessent de se craqueler au fil des affrontements mentaux entre protagonistes pour finir par exploser dans une gerbe de liquides visqueux et colorés qu’on vomit ou s’extirpe du ventre. L’effet moins surdosé comparé à sa suite se veut pesant et cherche davantage à provoquer le malaise. Le résultat est probant, il est seulement dommage que la cohérence du scénario tout comme une bonne moitié des personnages soient eux des plus accessoires.

Bewitched montre sans mal qu’il est bien le digne prédécesseur du plus grand film de sorcellerie HK. Boxer’s Omen n’a fait que pousser jusqu’au bout la folie de cette plongée dans les esprits maléfiques Thaïlandais. Rien que pour ça, il mérite son 4 (enfin presque…). Malgré une première moitié pas facilement abordable pour le non habitué, voir plus simplement assez longuette, la dose massive de sorts incroyables qui s’en suit révèle un nouveau Kuei Chi Hung de plus au panthéon de l’horreur HK.

castbewitched

http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/bewitched1981/critiques.html


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