Les larmes d’un héros( 英雄無淚) 1986


Primaire, Bancal, souvent ridicule, mais saignant, bourrin, barbare, bref jouissif !

4-00
Voici donc le premier film de guerre de John Woo, le premier où il lâche sa colère en pleine figure du spectateur mais aussi le premier où certains de ses thèmes favoris voient subrepticement le jour.
Un commando mené par Eddy Ko (impeccable) kidnappe un baron de la cocaïne en plein Vietnam et en plein cœur de son quartier général. A cinq seulement, ils réduisent à néant une défense de plusieurs dizaines de soldats au cours d’un premier carnage qui laisse augurer de l’ambiance à venir. Fuyant à bord d’une jeep avec le baron, le commando s’arrête en chemin pour récupérer la fille et le fils de Eddy Ko avant qu’ils ne se fassent trucider, puis tombent nez à nez avec un barrage de l’armée supervisé par le psychopathe de service, Lam Ching Ying. Un général rendu encore plus fou suite à la perte de son œil causé par Eddy mais aussi par le biais d’une touriste française fortement malmenée qui lui échappe. Pour être plus efficace dans sa chasse, Lam Ching Ying force une tribu locale à prendre en chasse Eddy et sa bande. Une armée entière est donc aux trousses d’un petit groupe. La suite du film est à l’image de son début, une course poursuite effrénée débordante d’action, de violence on ne peut plus explicite, de cadavres, fusillés, trucidés et autres explosés par dizaines.

L’amitié dans les coups durs est le premier grand thème de Woo qui fait surface ici. Le commando se réduit au fil du film mais la fraternité qui les unit est plus forte que tout et leur assure la rédemption à l’heure où la mort frappe. L’enfant, la femme, la famille est aussi un point fort et le seul objectif valable qui pousse Eddy à s’en sortir. Même si il est difficile de justifier la présence de ces êtres fragiles tout au long de ce carnage non stop, leur présence est aussi la marque du maître.

http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/heroesshednotears/critiques.html

Ce premier film de guerre n’a pas encore la patte Woo, ses ralentis et ses gunfights hyper visuels et chorégraphiés, ni un poil de la puissance ou de la finesse de ses chefs d’œuvre à venir. Il reste simplement un gros film d’action bourrin mais on y devine déjà la course sur le fil du rasoir d’Une balle dans la tête, la mort brutale et les sentiments extrêmes que la guerre exacerbe. La folie primale de Lam Ching Ying appelle déjà celle de Waise Lee et le courage du commando est aussi le même que celui du trio de Bullet in the head. Le salut final et la beauté des personnes simples et proches de la nature font aussi écho à la scène où Tony Leung se fait soigner par les moines dans la montagne. Autant de traits caractéristiques qui préfigurent les chefs d’oeuvre du maître du gunfight sanglant avec touche romantique.

Malheureusement, Les larmes d’un héros demeure très primaire, extrêmement bancal, pour ne pas dire très bat.ard. Beaucoup de scènes tout d’abord sont parfaitement insensées. Exemple typique, l’armée de Lam Ching Ying pilonne la cabane des réfugiés bondée d’explosives en tout genre pendant 10 bonnes minutes et rien n’explose !

Plus encore, les producteurs à la vue de cet étalage de violence très sérieuse et de mise en danger permanente ont tenu à contre balancer l’esprit Woo en incluant d’autres scènes. Toutes celles qui semblent sorties de nulle part en fait : la partie de dé par exemple, survient alors que le commando a une armée à ses trousses. Pourtant Chin Yuet Sang prend tout son temps pour jouer avec le chef du village. Une scène à connotation comique que John Woo termine en faisant sauter tout le monde comme si il voulait nous dire : « mais on s’en fout d’eux ! »

La petite morale que les producteurs veulent faire passer « ce n’est pas bien de jouer » est totalement hors sujet. Et la scène suivante insiste encore avec le même brin de comique malvenu et sa petite morale foireuse : « ce n’est pas bien de voler les cadavres ». Fung Lee en fait les frais rapidement et se fait empaler lors d’une scène digne du pire des catIII.

Autre scène parachutée, la partie de jambes en l’air du soldat américain avec son harem personnel histoire d’ajouter une touche de sexe totalement malvenue.

Malgré ces incohérences aussi subtiles qu’un éléphant sur un vélo, pris au second degré, les larmes d’un héros devient un « must see » incontournable pour les amateurs de John Woo en général et de bourrinage non stop en particulier. Les fusillades à 4 contre 100 sont légions, le sang versé et la violence gratuite sont ici chez elles (SPOILER ! Big up pour l’américain qui se suicide spontanément avec son harem au lieu de tenter quoi que ce soit FIN DE SPOILER). Ce premier essai barbare se révèle extrêmement jouissif et nerveux pour tous les amateurs d’ »action blood pack » guerrier peu effrayés par les dérapages bis.

03/10/2010
http://www.senscritique.com/film/les-larmes-d-un-heros/4601229717453722/critique/drelium/

Laisser un commentaire