Vengeance ! (報仇) 1970

vengeance

4-50
Trop bon, trop sanglant, trop violent, trop la classe, trop la frime, trop précurseur, trop bien filmé, trop épuré, trop David Chiang, trop compact, trop féroce, trop haineux, trop exagéré, trop direct, trop beau, trop fondateur. Ce film est vraiment trop !

Une histoire comme une flèche : Mon frère se fait tuer. J’arrive. Je tue tout le monde. Terminé. Ah, je prends quand même une belle fille, ancienne connaissance, sous mon aile au passage, mais vite fait alors, parce que j’ai pas que ça à faire.

Pas le temps pour un fond plus développé dans Vengeance !, ç’est du concentré catharsique, de la boule d’énergie, du nœud originel. Pour moi encore et toujours plus puissant que « Le Justicier de Shanghaï » et « La Rage du Tigre » car « Vengeance » est la source, la substance même de ses deux énormes classiques, la vengeance pure, sans rien autour. C’est la matrice originelle, le film qui détient la graine des grands classiques de Chang Cheh et la matrice même d’une grande partie du cinéma Hong Kongais qui suivra oserais-je dire, très souvent fondé lui aussi sur la vengeance, et rien que pour ça, il vaut tout l’or du monde.

Très peu de dialogues en fait, peu de kung-fu aussi, ou si peu, mais de la baston de film noir, de la grosse castagne et des gros couteaux qui transpercent et tranchent secs, le tout filmé de mains de maître par Chang Cheh, accompagné d’un zeste de carabine à lunette, là encore fait hautement en avance sur son temps. Terrifiant de dynamisme et d’énergie, et déjà la théâtralité extrême de la mort et le soin de la beauté apporté à chaque plan envoient le tout au royaume de la poésie. Entre les ralentis elliptiques de Chang Cheh, grand fan d’opéra qu’il met ici magnifiquement en parallèle, et la mise en espace extrêmement précise des combats à un contre une meute, réalisés par le meilleur spécialiste en la matière Tang Chia et aidé de Yuen Cheung Yan, frère de Yuen Woo Ping, Vengeance sans être réellement martial offre un ballet visuel baroque et violent à marquer d’une pierre de taille.

David Chiang récompensé pour son rôle est loin d’être un bon acteur, soyons honnête, mais joue à merveille le parfait petit dandy haineux et malin qui ne veut rien entendre, et ce même s’il reste toujours martialement léger. La rugosité, l’âpreté et l’intensité de l’esprit vengeur sont palpables de bout en bout.

Ne cherchez plus d’où vient l’influence principale de John Woo, tout est dans ce film.

Alors c’est surement très kitch et un peu léger niveau consistance quelque part mais ça n’a aucune importance à mes yeux.


11/10/2003
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/vengeance/critiques.html?showext=#drélium

28/01/2011
http://www.senscritique.com/film/vengeance/8531229930464423/critique/drelium/

En bonus, David Chiang qui s’la pète en survèt’ :

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