Les kamikazes du kung-fu (鐵腿降魔) 1971


titre anglais To Subdue Evil
autres titres Les Requins du karaté / Duel of Karate / To Subdue the Devil / 鐵沙掌決鬥空手道
titre français Les Kamikazes du kung fu
année 1973
pays Taïwan

Karatéka volant vs trampoline man aiment Wang Yu, Léone et pourquoi pas Tex Avery
2-50
Attention, la critique qui va suivre ne reflète que très succinctement le niveau particulièrement pitoyable de ce navet du kung-fu où mise en scène abracadabrante, chorégraphies massacrées, interprétation des profondeurs, bouillie de karaté nippon et pseudo kung-fu chinois se mêlent allègrement aux vols de mannequins en mousse sur rails et autres championnats de trampoline.
Production taïwanaise typique des kung-fus d’exploitation qui ne souhaitent qu’user le filon de la vengeance jusqu’au néant le plus parfait, les Kamikazes du kung fu nous présente le douloureux destin de deux bébés tatoués séparés peu après leur naissance suite au poignant assassinat de leur grand maître de père et de sa femme bien aimée par un méchant nippon peu enclin à la concurrence. Une introduction qui annonce de suite la couleur puisque le vile boss japonais y montre déjà son ultime technique, le « retour mortel volant ». Mouvement qui consiste à un envol « classique » mais exécuté en direction opposée à l’adversaire, puis à un retour net digne d’un piqué de prédateur, d’une immobilisation imparable du bras de l’adversaire mis au tapis par l’impact et conclue par une soumission qui n’a d’issue que la mort. La suite promet déjà une franche rigolade pour tout adepte du second degré (minimum).

Fu Shing Wa le réalisateur lorgne ouvertement du côté des kung-fus Shaw Brothers à la Chang Cheh et plus encore à la Jimmy Wang Yu par ses nombreux plans de face à face à un contre une meute, son héroïsme exacerbé, sa panoplie de méchants faciès, son sang par bidon de 5 litres éjecté à chaque grosse claque, mais aussi, assez logiquement, du côté des westerns à l’italienne avec ses mises en ambiance léoniennes et autres plans rapprochés de regards, mains et entrejambes en pleine phase d’intimidation et autres caméras penchées. Le niveau cinématographique est pourtant à des années-lumières de ces références hormis s’il est comparé au cultissime Bras armé de Wang Yu duquel il s’approche prudemment en évitant sa mollesse vieillotte. Côté musique, là aussi c’est la grosse tambouille, mélange de tout ce qui a été cité précédemment.

Les deux frères en question sont interprétés par Cheng Hung Lieh, le « Jade Face tiger » de l’Hirondelle d’Or qui trouve ici son premier rôle principal qu’il aurait tant souhaité à la Shaw, et Tin Peng, sabreur solitaire dans les chefs d’œuvre de King Hu qui montre lui son beau passage à vide suite à ses énormes succès de début de carrière. Tin Peng est le premier à apparaître dans les Kamikazes. Élevé à l’écart par un maître ermite, il occupe une grosse moitié du film et n’a pour seul trait de caractère l’ardent désir de vengeance difficilement freiné par son maître. Il compte avant tout sur sa technique vertigineuse de sauts sur trampoline avec saltos (… scène mémorable à ce propos où Tin Peng franchit un mur façon David Chiang avec un mannequin en mousse sous le bras… ).

De son côté, la clique japonaise gérante d’une maison de jeu se compose du boss Yee Yuen (vêtu à la chinoise !?), de 4 bras droits (en kimonos pas chers) qui n’ont de particulier que leur carrure et leur faciès, et d’une jeune et très jolie chinoise (la charmante Doris Lung) tricheuse aux dés depuis l’enfance qui tombera vite amoureuse de Cheng Hung Lieh, d’où scène bucolique 100% rien sur un pont avec violons.

Pour le bonheur de l’amateur qui n’attend que lui, Cheng Hung Lieh n’apparaît que tardivement mais avec panache, lors d’une scène où il confond la jeune tricheuse et impose immédiatement sa trogne de bad guy au héros sarcastique et caricatural qu’il « compose » de sa superbe énergie.

Il serait temps de justifier plus avant la verve enthousiaste ici présente. Tout d’abord, ce kung-fu est un des plus minable jamais montré et sa mise en scène épileptique la plus déroutante jamais osée. Mais comme pour masquer la nullité, le rythme des combats est toujours soutenu voire enragé, constitué d’innombrables gros plans à répétition illisibles qui filent le tournis, de plans larges sur-cadrés bien éloignés, d’un mauvais goût global consternant, de cuts barbares frénétiques, de gros plans fixes alternés à grande vitesse (pour la pression avant la bataille), d’épanchements de caméra à répétition (pour le staïle) et surtout, d’idées bis bien connues particulièrement efficaces comme le vol plané câblé de l’adversaire qui vient de se prendre une raclée. L’idée est ici portée à son paroxysme puisque le mannequin en mousse volant est éjecté de la plaine de combat tel un missile sur une tyrolienne, et termine brusquement sa course à la maison de jeu ou contre un mur à plusieurs centaines de mètres de là !

De la même manière, un combat peut très bien débuter en ville et se poursuivre brutalement sur la plaine le temps d’un plan éclair piqué au Sentaïs japs. Autre exemple à l’image d’un Tex Avery des grandes années, l’adversaire jap désemparé fuit Tin Peng à toutes jambes et retombe inlassablement face à lui au bout de sa course avec plan Léonien d’entre jambes en bonus. Une scène reprise sans vergogne avant les hilarantes retrouvailles entre les deux frères où Tin Peng est pris au piège à son tour par l’improbable vélocité de son grand frère. Autant d’idées qui font la saveur 100% nanarde de ce kung-fu pourtant très sérieux.

Le combat final termine en apothéose le niveau ultra bis de l’action quasi ininterrompue de ce navet innommable et enragé proche d’un « Roi du kung fu du pauvre » que je conseille, évidemment, pour tous ceux qui aiment le kung-fu old school indé follement gratiné et pris au second voire dixième degré dans le cas présent. La VF croustillante apporte aussi son lot de culte notamment avec la voix de Cheng Hung Lieh qui n’est autre que la voix française de Stallone !

26/01/2005
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/tosubdueevil/critiques.html

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